Lianna - John Sayles (1983)

Deuxième long métrage de John Sayles après le séminal Return of the Secaucus 7 mis en scène trois ans plus tôt, Lianna s'inscrit comme l'un des premiers films grand public dont le sujet principal traite ouvertement du coming out. Perçu (à raison) avec défiance à sa sortie par de nombreuses féministes étasuniennes, ledit sujet étant écrit et réalisé par un homme hétéro [1], Lianna fait néanmoins figure d'exception et de réussite. Mieux, John Sayles démontrait déjà à l'orée de sa filmographie la finesse de son analyse et son approche didactique. Mais n'allons pas trop vite. 

New Jersey. Mariée depuis une dizaine d'années à Dick (Jon DeVries), un professeur d'université, et mère de deux enfants, Lianna (Linda Griffiths) suit des cours du soir en psychologie de l'enfance avec son amie Sandy (Jo Henderson). En rentrant d'un cours auprès de l'enseignante Ruth Brennan (Jane Hallaren), Lianna découvre une nouvelle infidélité de son époux avec une étudiante. Elle se confie à Ruth lors de leur première soirée ensemble, où la jeune femme se remémore son premier amour refoulé... 
 

Cronico ristretto : The Brother from Another Planet - John Sayles (1984)

Déjà auteur de trois longs métrages au début de la décennie 80, dont deux sortis en 1983, John Sayles réalisait l'année suivante un film dont le thème science-fictionnel et le titre évoquait directement son récent passé Cormanien, The Brother from Another Planet. Mais rien n'est aussi simple. Lauréat d'une bourse MacArthur financée par la fondation du même nom en 1983, le futur réalisateur de Lone Star profita cet apport monétaire pour mettre en scène l'histoire d'un esclave noir from the outer space réfugié à Harlem après le crash de son vaisseauDevenu culte aux États-Unis, The Brother from Another Planet fut distingué la même année au festival de Sitges par le prix du meilleur scénario et du meilleur acteur. 

Ellis Island, le vaisseau d'un extra-terrestre (Joe Morton) s'écrase dans l'Hudson, non loin de la statue de la Liberté, avant que cet alien humanoïde noir se réfugie à Harlem. Bien que privé de parole, ce dernier fait rapidement la connaissance les habitants du quartier, dont les habitués du bar d'Odell (Steve James). Capable de réparer les objets et de guérir les êtres vivants, "le frère" est embauché un temps comme réparateur de bornes d'arcade. Or, deux hommes (John Sayles et David Strathairn) habillés en noir, également extraterrestres, viennent de débarquer, et sont à la recherche du fugitif... 
 

Cronico ristretto : Lone Star - John Sayles (1996)

Figure méconnue du cinéma indépendant étasunien en France [1] ayant débuté auprès de Roger Corman, auteur depuis son premier film (autofinancé) Return of the Secaucus 7 en 1980 de dix-huit longs métrages protéiformes, John Sayles signa seize années plus tard Lone Star. Portrait intergénérationnel et multiethnique d'une communauté dans une petite ville texane proche de la frontière avec le Mexique, ce dixième long métrage ouvrit enfin à John Sayles les portes d'une double reconnaissance publique et critique, avec plusieurs nominations l'année suivante pour son scénario, aux Golden Globes, aux BAFTA et aux Oscars. 

Frontera, au Texas. Deux sergents découvrent un squelette sur un ancien champ de tir de l'armée. Natif de cette petite ville frontalière, le shérif Sam Deeds (Chris Cooper) apprend par le laboratoire médico-légal de San Marcos que les ossements retrouvés sont sans aucun doute ceux du shérif Charlie Wade (Kris Kristofferson) mystérieusement disparu trente-sept ans plus tôt. Sam doit replonger dans ce passé où le principal suspect n'est autre que son père, l'ancien shérif de Fontera, le respecté Buddy Deeds (Matthew McConaughey) auquel les notables de la ville ont décidé de rendre hommage.
 

Cronico Ristretto : The Crazies - George Romero (1973)

Quatrième long métrage de George Romero, The Crazies, distribué en France sous divers titres, dont le ridiculement opportuniste La nuit des fous vivants [1], signait le retour du réalisateur de La nuit des morts vivants au cinéma d'horreur, après la comédie contreculturelle There's Always Vanilla et sa chronique féministe teintée d'occultisme Season of the Witch. Mieux, là où La nuit avait été le spectateur involontaire du vent contestataire de son époque, The Crazies assume ouvertement et pleinement sa veine critique des années Nixon, loin de tout manichéisme.  

Dans les environs d'une petite ville de Pennsylvanie, Evans City, une arme bactériologique, nom de code "Trixie", s'est échappée à la suite de l'accident de l'avion militaire qui contenait ce virus. Les habitant.e.s sont rapidement infecté.e.s, chacun.e atteint.e de folie sanguinaire, à l'instar d'un père de famille qui assassine de sang froid femme et enfants, avant de brûler sa ferme. Le colonel Peckem (Lloyd Hollar) est envoyé pour contenir la situation tandis que la loi martiale est déclarée. La ville est désormais bouclée. L'utilisation de l'arme atomique est envisagée en plus haut lieu. Le couple Judy (Lane Caroll) et David (W.G. McMillan) prend la fuite, accompagné de Clank (Harold Wayne Jones), ami de David et également vétéran du Vietnam...
 

Cronico Ristretto : Squirm - Jeff Lieberman (1976)

Remis sur le devant de la scène bis depuis la sortie des Oiseaux (1963) d'Alfred Hitchcock au début de la décennie précédente, le genre « invasion animale » connut un vif regain d'intérêt par la suite. D'un bestiaire composé principalement de fourmis, d'abeilles et d'araignées dans les années 70, d'autres scénaristes ont fait oeuvre d'originalité. Il convenait ainsi de s'épancher sur une menace longtemps mise à l'écart, celle des vers de terre anthropophages. Nous en voyons déjà ricaner, or, celle-ci n'est pas plus incongrue que la menace amphibienne (Frogs, 1972) ou, pire encore, lagomorphe (Night of the Lepus, 1972)... Premier long métrage de Jeff Lieberman, le mal titré en français, La nuit des vers géants, a gagné depuis ses galons mérités de film culte aux Etats-Unis, l'affiche du film apparaissant plusieurs fois dans le non moins culte Blow Out (1981) du maestro Brian De Palma [1]

Fly Creek, petite ville de Géorgie. Le soir du 29 septembre 1975, une violente tempête s'abat sur la région, les lignes électriques sont renversées et déversent des centaines de milliers de volts dans le sol humide. Le lendemain, Mick (Don Scardino), jeune new-yorkais, arrive en bus pour rendre visite à sa nouvelle petite amie, Geri (Patricia Pearcy), une habitante de Fly Creek. Le couple devient le témoin d'étranges événements, la découverte puis la disparition d'un squelette dans la propriété de l'antiquaire Aaron Beardsley, ou la présence d'un ver dans le soda de Mick. Les deux jeunes décident de résoudre le mystère.
  

The Addiction - Abel Ferrara (1995)

D'une décennie riche en longs métrages faisant la part belle au vampirisme, du Bram Stoker's Dracula (1992) de Francis Ford Coppola au Vampires (1998) de John Carpenter, les années 90 auront également vu Abel Ferrara, réalisateur de King of New-York et Bad Lieutenant, s'y intéresser. Une surprise ? Plutôt une demi-surprise tant ce dernier n'avait jamais, depuis ses débuts dans le cinéma d'exploitation, tiré un trait sur le cinéma de genre avec, deux ans plus tôt, la deuxième adaptation du classique de Don Siegel, Body Snatchers, l'invasion continueAvant-dernière collaboration entre Abel Ferrara et Nicholas St. John [1]ce film de vampires se démarque, pouvait-il en être autrement, par les thématiques personnelles abordées, le cinéaste et son scénariste livrant avec The Addiction une version urbaine et philosophique du vampirisme. Le film est désormais disponible en Blu-ray depuis le 24 mars dans une version restaurée approuvée par Abel Ferrara et son chef opérateur Ken Kelsch. 

Brillante étudiante en philosophie à l'Université de New York, Kathleen (Lili Taylor) prépare activement sa thèse de doctorat. Un soir, elle croise sur son chemin une étrange et séduisante femme (Annabella Sciorra) qui la conduit de force dans une impasse avant de la mordre au cou. Bientôt, Kathleen va développer un appétit féroce pour le sang humain qu'elle assouvira en attaquant ses proches ou des inconnus…

Cronico ristretto : La maison de la mort - James Whale (1932)

Réalisé avec une année d'intervalle entre les deux classiques Frankenstein (1931) et L'homme invisible (1933), le long métrage La maison de la mort de James Whale est disponible à partir du 27 janvier prochain en Blu-ray et DVD grâce à Carlotta films dans sa nouvelle version 4K. Après avoir longtemps été considéré comme perdu, La maison de la mort est devenu au fil du temps un classique du genre pré-gothique, ou plutôt, des genres, tant celui-ci magnait déjà avec brio, quitte à froisser le public étasunien de l'époque encore peu habitué à ce mélange, le drame, l'épouvante et l'humour noir. 

Alors qu'iels traversent une région isolée du pays de Galles, Philip (Raymond Massey) et Margaret Waverton (Gloria Stuart) et leur ami Penderel (Melvyn Douglas) sont pris dans une terrible tempête. Iels trouvent refuge dans une vieille demeure tenue par Rebecca Femm (Eva Moore) et son frère Horace (Ernest Thesiger), secondé.e.s par Morgan (Boris Karloff), leur majordome muet et défiguré. Alors que deux autres visiteurs sont également hébergés, leurs hôtes font preuve d'un comportement de plus en plus inquiétant…
 

Cronico Ristretto : Nowhere - Gregg Araki (1997)

Dernier volet de la trilogie apocalyptique adolescente signée Gregg Araki, Nowhere faisait suite au séminal Totally Fucked Up (1993) et The Doom Generation (1995). Chronique sous acide d'une bande de jeunes à Los Angeles, ce sixième long métrage du réalisateur étasunien ne déroge pas à la règle préétablie par les deux précédents chapitres : Nowhere se joue des conventions, et assume pleinement sa veine foutraque et faussement superficielle héritée des teen drama des 90's. 

Dark (James Duval) se désespère de l'infidélité de sa copine Mel (Rachel True), qui sort aussi avec la dénommée Lucifer (Kathleen Robertson). Rencontré une première fois dans un rêve, Dark se met à fantasmer sur Montgomery (Nathan Bexton). Le meilleur ami de Dark, Cowboy (Guillermo Díaz) recherche son petit ami toxicomane Bart (Jeremy Jordan), tandis que Dingbat (Christina Applegate) est amoureuse de Ducky (Scott Caan), lui-même amoureux d'Alyssa (Jordan Ladd), qui rêve du motard Elvis (Thyme Lewis)…